La récente hausse des marchés amène certains investisseurs à se demander si le pire du krach boursier n’est pas passé. Le CAC 40 et le DAX ont bondi de 22 % depuis la mi-mars et le S&P 500 a gagné 25 % sur la même période.
Si ce rebond se faisait dans une tendance baissière régulière, cela marquerait la fin de cette baisse et le début de la reprise. Mais, par rapport à l’ensemble de la baisse depuis le début de la crise liée au coronavirus, on ne peut pas en être aussi certain.
Les fondamentaux d’une reprise imminente des marchés
La reprise des marchés précède souvent celle de l’économie. Cependant, des incertitudes subsistent encore chez les investisseurs. En Europe, les pays les plus touchés ont atteint le pic de la propagation du virus.
Mais aux États-Unis, pays le plus touché au monde, la maladie est encore en progression. De plus, le pays a récemment connu des protestations contre le confinement. Des partisans de Trump réclamaient notamment une réouverture de l’économie, ce qui fait actuellement débat aux USA. C’est inquiétant dans la mesure où moins les gens respecteront les mesures de confinement, plus il sera difficile de contenir la maladie.
Pour soutenir notre hypothèse d’une reprise à la hausse, plusieurs facteurs nous montrent que le pire de la crise financière est passé.
Ralentissement considérable en Espagne et en Italie
L’Italie et l’Espagne sont les pays les plus touchés d’Europe. Le nombre de « cas actifs » du COVID-19 en Italie a diminué pour la première fois au début du mois d’avril, depuis le départ de l’épidémie. Cette baisse a été considérée comme un développement positif par le chef de l’agence italienne de la protection civile, Angelo Borrelli. Le pays connaît désormais un aplanissement progressif de son nombre de cas actifs ces derniers jours.
L’Espagne est aussi sur la même tendance. Le pays a enregistré vendredi le plus faible nombre de décès quotidiens en quatre semaines. De plus, pour la première fois depuis le début de l’épidémie, il y a eu plus de diagnostics de guérison que de nouveaux cas d’infection entre jeudi et vendredi.
À la suite de ces récentes baisses du nombre de nouveaux cas, les deux nations mettent en place un assouplissement du confinement. Certaines entreprises sont autorisées à reprendre leur activité.
Premier essai d’un vaccin à Oxford
La création d’un vaccin efficace est le seul moyen de revenir à la normale, selon l’OMS. L’université d’Oxford a lancé son premier essai sur l’homme d’un éventuel vaccin contre le COVID-19, avec l’objectif ambitieux de mettre à la disposition du public un vaccin efficace avant la fin de l’année. Des essais similaires sont en cours aux États-Unis et en Chine.
Le gouvernement britannique soutient les recherches de l’université d’Oxford, qui a entamé les premiers essais ce jeudi 23 avril.
Anticipation de la reprise économique : un phénomène qui n’est pas nouveau
Le chômage est en hausse partout dans le monde. Les revenus des entreprises diminuent et la récession est presque certaine. Cependant, les marchés boursiers sont en hausse au mois d’avril et résistent toujours à une nouvelle vague de baisse.
Cela est dû au fait que les investisseurs se projettent toujours vers l’avenir. Ils investissent en espérant un futur meilleur. Sachant que le pire de la crise est probablement passé, les marchés anticipent la reprise économique.
Selon des recherches menées par la société de courtage et de conseil Strategas Research Partners, les investisseurs ont ce même comportement depuis 1953. Cela se reflète sur l’indice S&P 500.
Selon l’étude, l’indice atteint son plus bas niveau entre trois et onze mois avant la fin d’une récession. En moyenne, le marché a atteint son point le plus bas quatre mois avant la fin d’une contraction économique. De plus, les actions rebondissent de près de 25 % en moyenne, entre les plus bas et la fin du ralentissement économique.
On a observé cela lors de la crise de 2008. Lorsque les marchés ont entamé la reprise à la hausse en 2009, la crise n’était pas encore terminée, mais on observait que l’économie se contractait moins lentement. Sachant qu’un avenir meilleur était certain, les investisseurs ont anticipé la hausse, faisant que les marchés financiers se sont rétablis bien avant le rétablissement économique.
La situation actuelle des marchés correspond bien aux recherches de Strategas et pourrait laisser entrevoir une reprise de l’économie, bien avant la fin de l’année. Ainsi, les participants qui attendent des signaux positifs décisifs, comme la sortie d’un vaccin ou la fin du déconfinement, rateront sans doute une bonne partie de la nouvelle vague haussière. Car les investisseurs anticipent sur le moindre signe, aussi petit soit-il, comme le ralentissement du nombre de nouveaux cas ou des mesures d’accompagnement de banques centrales et de gouvernements. D’autant plus que le début du rebond à la mi-mars s’est fait au plus fort de la crise sanitaire.
Les niveaux du marché reflètent les attentes de bénéfices futurs des sociétés cotées en bourse, non pas leurs résultats actuels. Ainsi, les investisseurs se soucient moins du passé que de ce qui va se dérouler dans les prochains mois.
Ils achètent aux moindres signes d’amélioration, avec le souci d’acheter au plus bas niveau que le marché ait atteint lors de la phase de contraction.
Qu’en est-il de l’analyse technique ?
L’ensemble des indices montre à peu près la même configuration. En Europe, le CAC 40 et le DAX sont dans une impasse, comme si le doute s’était installé auprès des investisseurs après 22 % de rebond depuis la mi-mars.
Sur le CAC 40, une résistance s’est érigée à 4 570 points. Ce niveau a empêché la progression de l’indice durant tout le mois d’avril. On note cependant une pression haussière, avec la formation d’un triangle ascendant.
Depuis deux semaines, l’indice évolue dans un range étroit entre 4 393 points et 4 570 points. Compte tenu des points évoqués plus haut, une cassure à la hausse est plus que probable.